Quelle est l'obligation réglementaire pour les analyses microbiologiques ?

Quelle est l’obligation réglementaire pour les analyses microbiologiques ?


Les artisans poissonniers écaillers ont l’obligation de maitriser les bonnes pratiques d’hygiène, qui, tous les 3 ans, font l’objet d’une formation obligatoire. Dans ce contexte de maîtrise sanitaire, l’entreprise doit donc intégrer un plan d’autocontrôles permettant de justifier la conformité sanitaire de ses produits, en particulier via des autocontrôles microbiologiques.

Les produits concernés

En autocontrôle, tous les produits peuvent être analysés. Il faut privilégier, en premier lieu, les produits les plus travaillés et/ou les plus sensibles.

Attention

La famille de produits sur laquelle travailler est définie par le règlement CE n°2073/2005.

Les germes à analyser

La réglementation précitée fixe les critères microbiologiques applicables à votre famille de produits et les quantités de microorganismes à ne pas dépasser.

Deux types de critères sont définis :

  1. Les critères de sécurité (CE 2073/2005 - ANNEXE I – Chapitre 1) : cela concerne les microorganismes dangereux pour la santé des consommateurs qui définissent si le produit fini est sanitairement acceptable ou non (Exemple : Salmonella pour les crustacés et mollusques cuits, Histamine pour les produits de la pêche fabriqués à partir d’espèces de poissons associées à une grande quantité d’histidine, etc.) ;
  2. Les critères d’hygiène des procédés (CE 2073/2005 - ANNEXE I – Chapitre 2-2.4) : ils traduisent l’efficacité des mesures d’hygiène prises durant la fabrication (Exemple : microorganismes E. coli dans les mollusques bivalves vivants, etc.) ;

Attention

En cas de dépassement, des mesures correctives doivent être mises en place afin de corriger la non-conformité, avec un traçage des actions mises en oeuvre (sur un cahier d’anomalies ou dans le prochain outil proposé par l’OPEF qui vous permettra de rassembler toutes vos informations réglementaires).


Ces deux points sont définis dans le règlement CE 2073/2005 mais aussi dans le Guide d’aide à la gestion des alertes d’origine alimentaire avec l’instruction technique DGAL/MUS/2023/11 du 10/01/2023. En cas de dépassement trop important des résultats d’analyses du point 2 ou la présence de germes pathogènes du point 1, l’entreprise doit être capable d’engager une procédure de retrait/rappel de produits et d’informer les services de contrôle via le formulaire CERFA n°16243*01. Ces procédures d’alerte sont également décrites dans l’instruction technique DGAL/SDSSA/2023-14.

Accéder au CERFA n°16243*01

En plus des critères microbiologiques évo-qués dans le règlement (UE) 2073/2005, on peut aussi mentionner les anciennes recommandations de l’AFSSA à travers les deux saisines demandées par la DGAL (saisine 2007-SA-0174 – saisine 2006-SA-0215) – On y retrouve des critères indicatifs d’hygiène qui sont susceptibles d’alerter le professionnel pour la prise de mesures correctives.

On peut également citer l’instruction technique DGAL/SDSSA/2023-117 relative au jugement de conformité des lots de produits de la pêche et de coquillages vivants contaminés par des Vibrio à la suite de contrôles officiels. Les lots contaminés par des Vibrios réputés pathogènes ne doivent pas être mis sur le marché. Il n’y a néanmoins pas de critère réglementaire pour la recherche de Vibrio. Vibrio est aussi mentionné dans le guide de gestion retrait/alerte (annexe page 76).

La procédure est disponible en ligne avec le QR code : 

La recherche des causes

Étape importante en cas de non-conformité, la recherche des causes peut être complexe. Il faut se poser différentes questions :

  • Une rupture de la chaîne du froid, (ou du chaud) a-t-elle eu lieu entre la réception et la mise en vente ?
  • Les bonnes pratiques d’hygiène du personnel (l’AFPF, le centre de formation dédié aux poissonniers, met en place votre forma-tion obligatoire à renouveler tous les 3 ans), ont-elles été respectées de la réception à la mise en vente (lavage des mains, tenue propre, etc.) ?
  • Les bonnes pratiques d’hygiène sur le matériel ont-elles été respectées de la réception à la mise en vente (nettoyage et désinfection, etc.) ?
  • Les bonnes pratiques de fabrication ont-elles été respectées (cuisson insuffisante, refroidissement non maîtrisé, etc.) ?
  • Les matières premières utilisées peuvent-elles être aussi la cause ? etc.

Le plan de contrôle microbiologique

Les résultats des analyses microbiologiques seront le reflet de l’ensemble des bonnes pratiques d’hygiène de l’entreprise. Vous pourrez par ailleurs vous appuyer dessus pour évaluer le respect des règles d’hygiène, corriger et/ou améliorer l’organisation du travail, le comportement de votre personnel, la propreté de votre établissement.

Attention

En cas résultats non-conformes, les fréquences et le plan d’échantillonnage seront à renforcer. Des instructions précises peuvent être données par la DDPP, dans le cas de suivi de non-conformités, ou si le plan d’autocontrôles est clairement insuffisant.

 


PLAN DE CONTRÔLE MICROBIOLOGIQUE
 
Produits et surfaces Fréquence des analysées de l’eau Validation de la durée de vie Analyse à DLC, test de vieillissement
Le règlement CE 2073/2005 n’impose pas globalement de fréquences minimales d’analyses. Elles sont adaptées à la taille et nature de l’établissement. 
Les exploitants du secteur alimentaire décident des fréquences d’échantillonnage appropriées à appliquer, sauf lorsque l’annexe I prévoit des fréquences particulières. La fréquence d’échantillonnage peut être adaptée à la nature et à la taille des entreprises du secteur alimentaire, pour autant que la sécurité des 
denrées alimentaires ne soit pas menacée (Article 4).
Les analyses microbiologiques sur l’eau sont ré-alisées par la commune et sont disponibles sur internet : 
www.sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau 
Il est nécessaire d’en avoir 1 exemplaire dans l’entreprise.
La durée de vie d’un aliment est définie comme la période durant laquelle l’aliment répond à des spécifications s’agissant de sa sécurité (innocuité) et de sa salubrité (absence d’altération), dans les conditions prévues de stockage et d’utilisation, y compris par le consommateur. La détermination des durées de vie est sous l’entière responsabilité du professionnel. Elle est liée à la qualité initiale des matières premières, a la maîtrise du procédé fabrication et au respect des bonnes pratiques d’hygiène associées.

Pour les petites structures, on peut « conseiller » sans que ce soit réglementairement exigé de produire :

  • 1 à 2 analyses /trimestre sur les produits,
  • 2 à 3 lames /trimestre sur les surfaces.
Recommandation d’effectuer au moins 1 analyse de la qualité de l’eau dans l’année par établissement.
(selon les exigences des arrêtés du 11/01/2007).

Toute durée de vie d’un produit doit être justifiée :

  • Durée de vie fournisseur (si le produit n’est pas déconditionné) ;
  • Durée de vie indicative établie dans le GBPH, associée à un historique d’analyses microbiologiques des produits de l’entreprise à DLC ;
  • Tests de vieillissement.
Les prélèvements de surface permettent de contrôler l’efficacité du plan de nettoyage et de désinfection du matériel (couteaux, plan de travail…). La réglementation précise que les surfaces en contact avec les denrées alimentaires ne doivent en aucun cas être une source de  contamination de celles-ci.

Les prélèvements valident ainsi la bonne désinfection du matériel.
Des analyses d’eau spécifiques au réseau de l’entreprise pourront être demandées en cas d’anomalies observées sur les produits, ou si l’eau ne provient pas du réseau public – source privée - dans ce cas, il faut se référer à l’arrêté du 30/12/ 2022 modifiant l’arrêté du 11/01/2007 relatif au programme de prélèvements et d’analyses du contrôle sanitaire pour les eaux utilisées dans une entreprise alimentaire ne provenant pas d’une distribution publique, pris en application des articles R. 1321-10, R. 1321-15 et R. 1321-16 du code de la santé publique.

Tests de vieillement :

- à réaliser lors de la validation d’une durée de vie,
- pour un produit commercialisé en préemballé et nécessitant 
de valider une DLC,
- en interne, pour le stockage des produits sous-vide au-delà 
des préconisations du GBPH,
Pour les petites structures éligibles aux mesures de flexibilité, la durée de vie microbiologique (DVM) peut être définie sur la base des DVM validées par la filière pour les produits similaires en production fermière ou artisanale (DVM préconisées dans un GBPH, dans des référentiels d’instituts techniques ou usuellement relevées dans la filière). Dans ce cas, sous réserve de ne pas dépasser les DVM définies par la filière et de respecter les conditions de production associées, la validation de la DVM en interne à l’établissement pourra être obtenue a posteriori sur la base d’un historique d’autocontrôles portant sur les flores d’intérêt comprenant obligatoirement des résultats favorables de tests de vieillissement (avec rupture de la chaîne du froid, sauf si le professionnel peut justifier d’une chaîne du froid totalement maîtrisée).
Pour les petites entreprises en particulier, ne disposant pas de beaucoup d’analyses, l’attention de l’inspecteur porte prioritairement sur le respect du PMS, la prise en compte d’un éventuel GBPH, la capacité de réaction en cas d’alerte, la surveillance des points déterminants, l’appropriation d’études collectives le cas échéant.
Voir l’instruction Technique DGAL 2019-861 sur la durée de vie microbiologique des aliments qui donne un logigramme de validation et de vérification de la DVM.

 

Mémo

L’OPEF en lien avec le CRITT agro-alimentaire de la Rochelle apportent conjointement les éléments techniques qui permettent aux artisans poissonniers de garantir à leurs clients sécurité et hygiène dans l’exercice de leur métier. (NDLR : INFO 53 – page 18 et INFO 58 – pages 04 et 05)

QUESTION : quel est le délai de consommation, traitement, de vente d’un poisson frais directement récupéré auprès du pêcheur ? (INFO 53 – page 18)

La réglementation sanitaire n’impose pas de durée de vie pour le poisson frais « non préemballé ». Il n’y a donc pas l’obligation d’un nombre de jours à respecter entre le jour de pêche et la date de vente. 
La durée dont l’artisan poissonnier dispose entre la date de pêche et la date de traitement ou de vente, dépend de très nombreux facteurs : la fraîcheur initiale du poisson, la nature des espèces de poissons, la forme de présentation (entier, éviscéré ou filet), etc. Naturellement, les conditions de conservation doivent respecter strictement la réglementation en vigueur et les recommandations du Guide des bonnes pratiques d’hygiène du Poissonnier. Il n’est donc pas possible de donner une durée de conservation précise. Tout dépend des conditions mises en œuvre.

Attention

Cas particulier pour les produits préemballés : cela concerne par exemple le poisson mis sous-vide. 

Le produit devra contenir toutes les mentions d’étiquetage applicables aux denrées préemballées, et sa durée de vie précise doit être déterminée, afin de pouvoir l’inscrire sur l’emballage. Pour connaitre la durée de vie (DLC) du poisson sous-vide, il faut réaliser des analyses microbiologiques.
Il sera donc nécessaire de demander à un laboratoire d’analyses de réaliser ces suivis de conservation.

Si le poisson est d’excellente fraîcheur au moment de la mise sous-vide et qu’il est ensuite conservé dans de bonnes conditions de réfrigération (0/2°C), sa durée de vie sous-vide est habituellement de l’ordre de 5 jours. 
La conservation des sachets de poissons en chambre froide est une absolue nécessité !
Réglementairement, un poisson doit être conservé à la température de la glace fondante, soit 0/2°C. L’artisan poissonnier devra donc conserver ses sachets de poissons sous glace et/ou en chambre froide dont la température est réglée à 0/2°C.

Une interrogation ?

Adhérents, pour toutes informations complémentaires : contact@poissonniers.com

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