REMALIM

Dialogue social : les bouchers et les poissonniers officialisent leur rapprochement


Les représentants des branches de la boucherie, boucherie-charcuterie et boucherie hippophagique, triperie, commerce de volailles et gibiers (IDCC 992) et de la poissonnerie (commerces de détail, de demi-gros et de gros de poissons, coquillages et crustacés) (IDCC 1504) ont entériné mardi 17 novembre la constitution d’une structure commune afin d’assurer l’avenir du dialogue social et de porter la représentativité patronale dans les branches. 

Communiqué de presse

Interview croisée de Jean-François Guihard, président de la CFBCT et de Silvère Moreau, président de l’OPEF, qui représente les poissonniers-écaillers.

Pourquoi avoir décidé de vous rapprocher ?

JFG : Les artisans bouchers et poissonniers partagent de nombreux points en commun. C’est bien sûr lié à notre proximité dans les centres-villes, centres-bourgs et sur les marchés, où nous sommes voisins. Nos deux professions travaillent des produits frais issus de la filière animale. Outre le fait que nous travaillons dans le froid et avec des couteaux, nous partageons de nombreux enjeux communs : la formation des jeunes, la transmission de nos entreprises… sans parler de notre combat contre les extrémistes alimentaires ! Il nous a semblé tout à fait naturel de nous rapprocher lorsque le Gouvernement a annoncé vouloir réduire le nombre de conventions collectives, incitant les branches à se regrouper. Nous avons pris les devants et avons commencé à travailler dès 2018 sur ce rapprochement.


L’organisation professionnelle des poissonniers-écaillers a d’ailleurs rejoint les locaux de la Confédération de la Boucherie…

SM : En effet, nous ne nous quittons plus ! Le président Guihard et Patrick Gimonet, directeur général de la CFBCT, nous ont proposé d’accueillir notre organisation au siège historique de la Confédération de la Boucherie-Charcuterie, boulevard Pereire à Paris. Cette proximité nous a permis d’accélérer le rapprochement de nos conventions collectives en signant dès le 14 mars 2019 un accord de méthode en vue de négocier une convention collective commune. Je tiens à préciser que cet accord a été signé à l’unanimité par les organisations syndicales, qu’il s’agisse des employeurs et des salariés de nos branches.


À quoi va servir ce rapprochement ?

JFG : Comme je l’ai dit précédemment, le Gouvernement a annoncé clairement vouloir réduire le nombre de conventions collectives, estimant que le nombre actuel, environ 650, créait de la complexité. Se rapprocher avec des « métiers frères » comme la poissonnerie était essentiel pour continuer à pouvoir faire vivre le dialogue social le plus juste tant du point de vue des employeurs que des salariés. Le risque en cas d’inaction de notre part étant de nous retrouver assimilés par la contrainte à des secteurs ne partageant pas forcément notre vision et nos problématiques. Avec ce rapprochement, nous porterons notre représentativité en commun. La CFBCT ne déposera pas un dossier dans son coin, et l’OPEF dans le sien. Pour la première fois, c’est historique, nous demanderons notre représentativité d’une seule et même voix.

Qu’entendez-vous par représentativité ?

SM : Il s’agit de la reconnaissance officielle, au regard de différents critères légaux, d’une organisation reconnue comme étant l’interlocuteur des services publics. Tous les quatre ans, elle est mesurée par un comptage du nombre d’entreprises adhérentes au sein d’une organisation professionnelle. Il s’agit d’un dossier lourd à monter et qui représente un investissement important en temps et en énergie. Pour autant, cette étape est fondamentale pour permettre de défendre la profession car c’est en étant représentatif que nous avons pu négocier la grille des salaires, faire évoluer la convention collective, améliorer le régime de santé, étendre la rente éducation des apprentis, mobiliser le fonds d’action sociale pour les remboursements de soins, signer une CNO avec la CNAM, etc.


Que représentent vos branches aujourd’hui ?

JFG : La branche professionnelle de la boucherie, boucherie-charcuterie, boucherie hippophagique, triperie, commerce de volailles et gibiers représente 80 000 emplois répartis sur 18 000 points de vente. Cela représente un chiffre d’affaires annuel de 7 milliards d’euros.

SM : Pour la poissonnerie, la branche est constituée de 3 000 entreprises pour 8 000 salariés environ (NDLR : en 2020). L’OPEF qui à l’instar de la CFBCT pour la Boucherie de détail, est la seule organisation professionnelle aujourd’hui représentative du secteur de la poissonnerie de détail, de demi-gros et de gros de poissons, coquillages et crustacés. 

Comment s’est passé ce rapprochement ?

JFG : Dès que le Gouvernement a annoncé vouloir réduire le nombre de branches professionnelles nous nous sommes concertés pour travailler sur ce rapprochement. De nombreux échanges ont eu lieu avec nos partenaires sociaux respectifs qui ont approuvé le principe d’un rapprochement. Comme l’expliquait Silvère Moreau, nous avons commencé par signer un accord de méthode en mars 2019. Nous nous sommes concertés à moult reprises, consultant régulièrement nos partenaires sociaux avec Patrick Tanguy qui préside la commission paritaire de la Boucherie. Nos branches professionnelles ont signé le 18 septembre 2020 un « accord de champs » en cours d’extension. Jusqu’à aujourd’hui où ce rapprochement s’est concrétisé par la création de l’association Remalim (CFBCT-OPEF), structure patronale qui va porter la représentativité commune pour nos deux branches professionnelles d’une seule et même voix.


Concrètement quel sera le rôle de Remalim ?

SM : Les statuts de la structure, baptisée Remalim (CFBCT-OPEF) pour « Association des représentants des employeurs des métiers de l’alimentation », ont été adoptés unanimement par les deux branches. Nous tenons à préciser que cette association vise exclusivement à porter la représentativité patronale de nos branches professionnelles dans le cadre du rapprochement des branches. L’OPEF et la CFBCT restent indépendantes bien évidemment. Pas question de fusionner nos métiers. En effet, si l’objectif est de porter la représentativité et de nous projeter à terme sur une convention collective commune avec des spécificités pour nos professions, la CFBCT et l’OPEF restent bien deux entités distinctes. Les produits de la mer c’est l’OPEF, la viande c’est la CFBCT.

Il s’agit du premier rapprochement dans le secteur de l’alimentation de proximité…

JFG : En effet et nous en sommes fiers ! Il fallait prendre les devants vis-à-vis des plans gouvernementaux, ce que nous avons su faire immédiatement. C’est un grand jour pour le dialogue social au sein de l’alimentation de proximité. La CFBCT et l’OPEF sont disposées à accueillir, au sein de ce projet commun, d’autres branches qui souhaiteraient le rejoindre. Tous les acteurs de l’alimentation de proximité qui s’identifieraient à ce projet sont les bienvenus.

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